Paris la nuit, chroniques nocturnes - Pavillon de l'Arsenal
Paris la nuit est aujourd'hui paradoxalement indissociable de l'invention et de l'irruption de la lumière artificielle. L'exposition Paris la nuit, chroniques nocturnes, au Pavillon de l'Arsenal jusqu'au 6 octobre 2013, est le fruit d'une grande chasse aux images (essentiellement gravures et photographies), émouvantes au début et peu à peu passionnante car porteuse d'images peu connues ou rarement assemblées ainsi. Paris la nuit n'est pas le négatif du Paris de jour et tout se qui concerne la face diurne de la capitale est rassemblé dans un alignement pléthorique d'images.
Jusqu'au XVIIIème siècle, début de l'exposition, et jusqu'à l'apparition des premiers éclairages publics, la nuit parisienne reste plutôt vouée au noir. La ville voit l'émergence de fêtes aristocratiques et de complots, des illuminations mal partagées et des incendies vengeurs comme ceux de la commune. La conquête du temps nocturne devient un signe distinctif d'identité. Maîtriser son temps, décider de ses horaires, c'est être libre. Le pavillon de L'Arsenal nous conduit à l'aube de XXème siècle, dans une cité de poésie et d'émois, d'effrois, ou les travaux nocturnes se disputent au monde du théâtre ou encore des égouts et des catacombes. L'iconographie utilise ces éclairages, de bougies, huile, gaz ou pétrole.
Au XIXème siècle, le flâneur est celui qui profite des nouveaux espaces publics dans un état de curiosité toujours stimulé : C'est la découverte du temps urbain. Alors que la frénésie du jour suscite le Spleen, le sentiment de Modernité se cristallise à la nuit tombée et le genre nocturne inspire tous les artistes parisiens : Balzac, Hugo, Baudelaire, Courbet, Chopin, Nadar... Parallèlement à cette période de grands chantiers (boulevard, opéras, expositions universelles...) la fin du XIXème siècle voit arriver l'éclat de l'électricité, innovation incroyablement rapide qui bouleverse Paris, la si fameuse ville lumière, chassant la nuit dans ses derniers retranchements. Les grands chantiers éclairés deviennent des attractions, des circuits de visites nocturnes des égouts sont organisés...La rupture est radicale. L'électricité n'efface pas la nuit, elle en fait l'alliée et le contrepoint des poseurs d'ampoules et de néons, ainsi que des travailleurs ou des promeneurs. Elle suscite de nouvelles formes d'inquiétude, révèle de nouvelles zones d'ombres dont la photographie va faire l'apologie (Vers 1860, Nadar photographie les catacombes et les égouts).
En 1912, un barbier de Montmartre inaugure une enseigne au néon. 15 ans plus tard, Paris en compte 6 000. Les grands magasins se livrent une concurrence féroce par éclairages interposés et cet essor de la publicité dans l'espace public accélère la mutation de la nuit, devenue écran. Les clichés en noir et blanc de l'époque nous font manquer l'essentiel : l'explosion de couleur.
Après la seconde Guerre mondiale, la lumière électrique rentre dans une ère codifiée, attendue, voire falsificatrice. Les monuments du passé sont éclairés par le dessous, les monuments nouveaux sont éclairés par des projecteurs féeriques. L'art cinétique dans la ville est aujourd'hui incontournable dans toute la capitale. Paris la nuit constitue aujourd'hui un axe majeur de développement et d'attractivité qui redistribue les cartes de l'emploi, de la culture et du tourisme comme le montre le succès des nuits blanches, les nocturnes des musées, l'évolution de l'offre des transports publics et le Velib', les nouvelles formes de services 24h/24h...
Une exposition ouverte à tous, qui plaira au plus grand nombre pour sa plus grande partie. Cependant, une partie plus scientifique, à base de cartes, tableaux et diagrammes, nous échappe et l'appel à des graphistes plus pédagogues aurait pu aider le commissaire, Marc Armengaud, à mieux se faire comprendre...
Entrée du pavillon de l'Arsenal
Collection permanente et carte numérique
Exposition Paris la nuit au premier étage
Les galeries du Palais royal, lieu privilégié de la prostitution sauvage sous le directoire (1795 - 1799). Huile sur toile de Louis Léopold Boilly, 1809.
Le Quadrille à Bullier, estampe de Gustave Barry d'après Jacques Linder.
Travaux nocturnes rue de Rivoli, 1853 - 1870. Gravure de Gaildreau.
Les catacombes de Paris, 1861, Atelier Nadar.
Inauguration de l'Opéra de Paris le 5 janvier 1875, arrivée du cortège du Lord Maire de Londres accueilli par Charles Garnier. Gouache de Jean Baptiste Edouard Detaille (1848 - 1912).
La tour Eiffel embrasée, le soir de l'inauguration de l'exposition de 1889, le lundi 6 mai. Gravure d'après photographie de Maurice Garin extraite de la nature, 18 mai 1889.
Exposition universelle de 1889 à Paris. La tour Eiffel illuminée. Roger Viollet.
Paris la nuit, un bal d'apaches à la Courtilles. Carte postale de Norwins.
Illumination du BHV installées par les établissements Jacopozzi, 6 décembre 1929. Photographie de Léon Gimpel (1873 - 1948).
Féerie de lumières sur les grands boulevards des italiens, Paris, 3 décembre 1925. Photographie de Léon Gimpel.
Les "forts des Halles" dans le pavillon de la viande, 1955. Photographie de Robert Doisneau (1912 - 1994).
Le bassin de Takis, la défense, 1988. L'oeuvre est constituée d'un bassin rectangulaire d'environ 50 mètres de coté sur lequel sont placés 49 tiges métalliques, d'une hauteur variant entre 3,5 et 9 mètres. Leur extrémités sont munies de formes géométriques colorées et de feux clignotants de couleurs diverses. Art cinétique.
Grande arche, la Défence (Haut de Seine), 1989. Johan Otto Von Spreckelsen et Paul Andreu, architectes ; Light cibles, concepteur lumières : Saem Tête-Défense, maitre d'ouvrage.
Station Météor : Lentille d'accès à la ligne 14, 2004. Gare Saint Lazare. Dupuy Didier.
Projet Philharmonie de Paris, 2014. Atelier Jean Nouvel.
Projet d'aménagement des berges de Seine à Paris, 2014. Port de Solférino, L'emmarchement au pied du musée d'Orsay. C. Choblet. Les voies sur berges ont été ouvertes au public le 19 avril 2013, voir l'article ici.
Paris la nuit, chroniques nocturnes
- Pavillon de l'Arsenal, 21, boulevard Morland 75004 Paris
- 23 mai > 6 octobre 2013
- Entrée libre
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